Restructuration d’un immeuble de bureaux en un ensemble mixte

Richelieu

Lieu : Paris
Typologie : Bureaux et logements

Surface : 8 000 m² SP
MOE : & GIVRY
Mission : Complète
Année : Concours 2023
Face à un bâtiment qui a perdu son âme d’origine dans un quartier patrimonial, une déconstruction radicale n’est pas nécessairement la réponse. Retour aux fondamentaux, valorisation des atouts et écriture contemporaine sont privilégiés pour offrir une nouvelle identité à un ensemble mixte dans une démarche raisonnée.

En plein cœur de Paris, à proximité immédiate de la Bibliothèque nationale de France, se dresse le 73 de la rue Richelieu, dont l’îlot actuel est composé de deux corps principaux remontant au XVIIIe siècle et réunis par la suite. L’épaisseur historique du bâti s’est hélas étiolée au fil du temps jusqu’à de lourds travaux dans les années 1970. Ce site aujourd’hui dénaturé aspire à une intervention la plus vertueuse possible, au bilan carbone pleinement maîtrisé, en révélant le potentiel aujourd’hui occulté de ce lieu destiné à accueillir bureaux, logements et services en rez-de-chaussée. En somme, il s’agit de construire un fragment de ville plus humain, plus social et qualitatif en interaction avec le quartier.

Un geste majeur vise à faire respirer le cœur d’îlot : il s’agit d’élargir la cour existante et la requalifier en un atrium de trois étages coiffé d’un sol transparent. Ainsi, la lumière pénètre jusqu’aux niveaux inférieurs reliés par un spectaculaire escalier circulaire. Cette trouée impulse la cohérence globale du projet en reliant le dernier sous-sol jusqu’au ciel. Une végétalisation stratégique de l’espace évidé en cœur d’îlot, associée à une isolation exigeante, doit favoriser les bonnes performances bioclimatiques de l’ensemble.

Côté rue, la façade gagne en prestance. Les fenêtres sont élargies en suivant le tracé régulateur tandis que le rez-de-chaussée s’ouvre sur la ville grâce à un aménagement en double-hauteur à l’intérieur et un agrandissement équivalent des volumes du portique. Bureaux, commerces, services distribués par un grand hall sont véritablement connectés au quartier. La façade en saillie, jusqu’alors très massive, acquiert transparence et légèreté : elle invite le public à y pénétrer et à cheminer à l’intérieur.

Dans les étages du tronçon entre la rue et la cour, les plateaux traversants en béton armé, bien éclairés, sont optimisés pour créer des bureaux selon une organisation rationnelle propice à la réversibilité, avec les éléments techniques laissés à vue. Les larges baies vitrées compensent la faible hauteur sous plafond offrant une belle luminosité aux espaces de travail. Situés en fond de parcelle du 2e au 5e niveau, les logements se prolongent par des jardins d’hiver qui donnent sur l’atrium, comme autant de façades vivantes et mobiles. À l’usage, ces espaces de transition végétalisés contribuent à l’isolation thermique et phonique des logements, à leur protection solaire, tout en favorisant, bien sûr, l’intimité des occupants.

Enfin, la toiture du bâtiment sur rue est déposée, pour laisser place à de vastes volumes polyvalents offrant une vue remarquable sur Paris, surplombés d’un jardin généreusement planté et de serres partagées par les occupants des logements. Le bâtiment sur cour est surélevé, avec de nouveaux planchers réalisés en filière sèche, permettant le déploiement de logements en duplex, les niveaux supérieurs en attique eux-mêmes fortement végétalisés pour le confort des habitants tout en renforçant la biodiversité du quartier.

D’un site marqué par un façadisme qui a dilué son histoire, le 73 de la rue Richelieu acquiert une nouvelle identité globale, homogène, tournée avec lucidité vers l’avenir via sa mixité programmatique, son potentiel de réversibilité et sa prise en compte des conditions climatiques en milieu urbain.